19-Départ pour Sangbarella en Guinée

7 février 2010

Sangbarela est à 8 heures de route de Bamako.

 Hier Famoudou nous a dit qu’il fallait absolument que nos sacs soient devant les portes des chambres à 5 heures pour qu’ils puissent être chargés dans les véhicules et que le départ se fasse à 5h30.

Je me lève à 4 heures et à 5 heures tout le monde est en bas… tout le monde sauf nos amis Guinéens !!!

Du coup, certains vont dans le salon et s’installent pour se rendormir. Dans le patio ça discute, ça joue au ballon… 5h30 on finit par voir émerger les chauffeurs. La notion de temps, d’horaire précis, je pense que c’est une notion de blancs, une notion juste pour nous stresser…

 

 

Nous partons à deux véhicules. Dans celui de Moussa, il y a Famoudou, Bandjou, Koulako, Malon, Fanta et tous nos sacs. Dans le deuxième, avec Abdullaï les 17 "Toubabous" et Sékou.

 Nous saluons nos amis qui vont rester ici…

C'est le départ, je suis triste de laisser certains de nos amis et un peu tendu de faire 8 heures de route enfermé dans une boîte de conserve sur roues. Je suis sur un fauteuil qui penche, le voyage commence difficilement pour moi. Je m'isole avec de la musique dans les oreilles. J'accepte moins de choses dans la promiscuité. Certains de nos amis, que je ne nommerais pas, ne parlent pas... ils hurlent... et l'un du groupe (celui qui se jette sur la nourriture en premier en prenant l'équivalent de trois assiettes à chaque repas) rote et pète! 

 

Nous partons direction le poste frontière de Kouroumalé que nous atteignons au bout de 2h. Nous quittons le Mali, nous devons remplir des papiers à la douane et faire tamponner nos visas. Toute une fiche à remplir qui va être vérifiée par un officier, cela dure un bon moment. Puis on reprend brièvement la route, pour s’arrêter quelques centaines de mètres plus loin au poste frontière de la Guinée. On doit présenter notre passeport avec le visa. Nous avions obtenu nos visas à Bamako pour 46 500 CFA (65€), et là, l’officier demande 1 000CFA par passeport. Dans un premier temps nous refusons de donner nos passeports. Famoudou n’est pas content, il sort furieux, et va discuter avec l’officier. Au bout de 10 bonnes minutes de palabres, ils reviennent, nous sommes obligés de payer mais plus que 500CFA par passeport. Nous savons très bien que c’est de l’argent qui va finir dans la poche de l’officier mais nous n’avons pas le choix si nous voulons passer. Hélène nous avait prévenus de ces pratiques. Nos visas tamponnés, nous changeons un peu d’argent, on se retrouve avec des liasses de billet car 1 euro vaux 7 000 Francs Guinéens.

 

 

 

Nous reprenons la route, nous voilà en Guinée. Le paysage est magnifique. Il y a plein de petits villages avec des cases circulaires en terre comme dans les albums pour enfant. C'est l'Afrique profonde loin des grandes villes. La Guinée est très militarisée dans cette partie, il y a des barrages toute les ½ heure. Le barrage c’est une énorme corde tendue entre deux plots qui barre la route. Bien souvent, il y a quatre militaires armés assis sous un parasol sur le bord de la route ou des petits abris. Ils font à chaque fois le tour des deux véhicules, on espère juste qu’ils ne décident pas de se mettre à fouiller les sacs, car là on serait parti pour un bon moment d’immobilisation.

 

 

 

 

Vers midi nous nous arrêtons dans un petit village. Des femmes cuisinent sur le bord de la route afin de vendre des repas aux personnes de passage. Il fait très chaud. Je n’ai pas faim, je décide de ne pas manger. Mais Koulako voyant ça m’attrape par le bras et me traîne quasiment jusqu’aux marmites:  « il faut manger Noël, prends du riz et du poulet! ». Ça semble être un ordre alors j’achète une assiette. Fanta et Malon m’appellent et me font asseoir devant une maison à l’ombre d’un auvent. Toutes les trois veillent à ce que je mange bien, Fanta me ramène des mangues. Merci à toutes les trois...

 La chaleur grimpe encore et c’est le moment de reprendre la route.

Sékou nous apprend un chant et nous le fait entonner à chaque fois que l’on arrive prés d’un barrage: "Ayé si la bila yo éburuyé témi, ayé si la bila yo éburuyé témi, wolu ma wendyélon..." ce qui veux à peu près dire « Laisser passer, laisser passer les joueurs de djembés… ». Le résultat est assez efficace, on se retrouve devant des militaires souriants. Il faut dire qu'il ne doivent pas voir tous les jours un fourgon remplit de blancs qui chante à tue tête en Malinké qu’il faut les laisser passer. Il y a même un militaire à un barrage qui nous filme et nous demande de rechanter.

Le voyage est assez long, je suis sur un fauteuil cassé qui penche, je me retrouve donc écrasé contre la cloison. Je m’isole en écoutant mon lecteur MP3, je profite du paysage qui est magnifique et je somnole de temps en temps.

Nous arrivons à Kankan, une halte est décidée car Koulako à besoin de quelques provisions pour faire nos repas pendant notre séjour à Sangbarela. La chaleur ici est étouffante, nous sommes en pleins centre ville, jours de marché, il y a un monde fou. Rapidement un attroupement se fait autour de nos véhicules, tous les vendeurs ambulants essayent de nous vendre de l’eau, des fruits, des glaces…

 

Nous reprenons la route est enfin nous apercevons un tout petit panneau avec marqué dessus Sangbarela, écrit à la main. Nous quittons le goudron pour de la piste. Nous faisons une dernière petite halte car Famoudou veut continuer à pied.

 

 

Famoudou veut continuer à pied. Cela ne fait pas l’unanimité, nous sommes seulement quelques-uns à le suivre sur un petit sentier. Nous marchons en plein soleil, il fait chaud mais le paysage en vaut vraiment la peine. 

C'est magnifique!

 

 

Famoudou nous montre les différentes variétés d’arbres, d’arbustes, de fleur...

 

 

Puis nous arrivons prés d’un grand arbre…

une fois celui-ci dépassé, on descend un petit monticule qui cachait la vue… le choc!

Image paradisiaque, de la terre comme du sable, un fleuve… nous sommes accueillis par des dizaines d’enfants qui sourient, qui glissent leurs mains dans les nôtres.

 

 

 

 

Puis arrivent deux joueurs de Djembés et un de Dundun, puis des pirogues remplies de monde, de l’autre côté du fleuve beaucoup de personnes se regroupent.

Les tams-tams commencent à jouer, Famoudou arrive avec Bob sous les cris des enfants. Difficile de décrire l’émotion qui m’envahit à ce moment là, cette musique, ces sourires, ce paysage magnifique… un rêve éveillé…

Deux pirogues arrivent avec certains hommes du village, tous habillés du même pantalon noir zébré de blanc, torse nu, un foulard sur la tête, un outil ou un morceau de bois dans les mains. Sous la conduite d’un homme qui crie, ils descendent des pirogues et se mettent en deux lignes parallèles. Puis à l’écoute du rythme des Djembés, un premier balancement des mains, puis du corps et la danse démarre, la danse des hommes forts (Dundunba) commence, comme Mamady nous l'avait apprise...

 

 

Moments très impressionnants... Les hommes se dirigent vers nous tout le monde s’écarte et se met en demi-cercle. Fanta jubile, elle danse avec les hommes, elle pousse des cris. 

 

 

Au bout de 45 minutes, ils nous invitent à les suivre. On attrape nos sacs et nous montons sur les pirogues. Elles sont très grandes nous sommes plus de 15 dessus avec tout notre barda et les provisions. 

 

 

On traverse, il y a du monde partout, tout le village est venu accueillir Famoudou et ses stagiaires. On est accueilli très chaleureusement. Nous suivons tout le monde sur une petite piste. La danse continue tout au long de notre marche jusqu'au village.

 

 

 Nous voilà enfin au village de Sangbarela!

La danse continue, elle a lieu sur la place qui est au centre des maisons de la famille Konaté. Tous les villageois arrivent un par un, les hommes, les femmes, les enfants, les jeunes, les vieux... Il commence à y avoir une foule immense. Tout le monde se place en cercle autour de la "Dundunba" qui continue. Certaines femmes ont des mégaphones pour chanter et se faire entendre. Les hommes nous invitent à danser avec eux pour encore une heure de festivité.

 

 

Puis Famoudou est accueilli par le chef du village,  salutations, remerciements et palabres commencent. Les anciens viennent le saluer, puis les griottes, puis les musiciens. La place est noire de monde je pense que tout le village est là.

 

 

 

 

L’accueil fini nous découvrons où nous allons loger pendant 6 jours. Nous sommes dans une sorte de dortoir à même la terre battue, c’est très sommaire. Pour la douche et les toilettes, trois murs avec un trou au milieu et pas mal de petits "habitants" qui déguerpissent dans les aspérités lorsqu'on rentre. Il n’y a ni électricité, ni eau courante.

Dans le dortoir je me retrouve encore confronté à la vie en communauté et ses désagréments puisque mes camarades de stage ne m'ont pas laissé de tapis de sol en plastique à mettre sous mon duvet. Je ne le montre pas, mais je suis assez en colère, je me ferme aux autres, enfin... aux "Toubabous". Malon voyant que j’ai un problème, vient me trouver et me donne une natte tressée afin que je puisse protéger mon duvet.

Merci Malon! Toujours attentionnée envers moi. Puis elle vient me chercher et me prends le bras (Malon ne parle pas français). Je la suis, elle veux me présenter sa maman qui est une sœur de Famoudou, je suis très ému…

La nuit arrive rapidement, tout le monde est fatigué personne ne tarde à dormir.

 

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